Julien Vocance est né Joseph Seguin le 5 mai 1878. Il est mort dans la Drôme en 1954 après avoir insufflé à la poésie française un peu d'Extrême-Orient. C'est de Saint Julien Vocance, petit village ardéchois, qu'il a emprunté le nom en signe d'attachement au terroir maternel. La famille de sa mère était en effet issue de la région d'Annonay. On se souvient des Montgolfier, les créateurs de la montgolfière. On se souvient nettement moins des Seguin, famille paternelle qui s'enorgueillissait du grand-père, Marc Seguin, l'inventeur de la chaudière tubulaire, une mince de trouvaille. Julien Vocance lui-même ne sera pas resté les bras croisés : il sera l'un des tous premiers et probablement le principal haïjin français.
Seulement, la guerre arrive et avec elle les tranchées, les meurtres et le sang. Le licencié en droit et en lettres Joseph Seguin, par ailleurs diplômé de l'École des Chartes, de l'École du Louvre et de l'École Libre des Sciences Politiques, est équipé à titre gracieux par la nation d'une capote et d'un Lebel, d'un casque et d'une autorisation de se laisser massacrer. Par chance, il en réchappe. Vocance y perdra un oeil mais sauvera sa peau. Du front, il rapporte Cent visions de guerre qui font références aux Cent vues du Fuji du peintre Hokusaï. Ses poèmes publiés dans La Grande Revue en mai 1916 sont éloquents. Avec une grâce incomparable, il exprime l'imminent surgissement de l'horreur.
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Michel Besnard